L'atelier de mathématiques : FAQ (2ème partie)

 

Suite de l'article "L'atelier de mathématiques : FAQ (1ère partie). Avant de lire ces deux articles, il vous faut avoir lu celui sur l'atelier de mathématiques. 

Dans cet article, comme prévu, je parlerai davantage des questions sur le contenu de l'atelier. Je rajouterai aussi au fur et à mesure les questions posées dans les commentaires ! (en haut de l'article, pour que vous n'ayez pas à tout relire si vous avez déjà lu l'article).

"POURQUOI DES GROUPES DE NIVEAUX ? SI TU AVAIS UN COURS SIMPLE, PROCEDERAIS-TU EGALEMENT DE CETTE MANIERE ?" (MELIMELUNE)

Merci à Mélimélune pour sa question !
L'an dernier, lorsque j'ai mis en place l'atelier de mathématiques, j'avais un cours simple, un CM2 avec 27 élèves. Ce qui m'a poussé à instaurer un atelier en mathématiques n'est donc pas la nécessité de gérer un cours double mais plutôt le fait que je récupérais une grosse partie des élèves que j'avais en CM1. 
Ma classe était très hétérogène (comme cette année d'ailleurs), j'avais des élèves "faibles" et d'autres très rapides en mathématiques. Je travaillais à ce moment-là en "frontal" et je me rendais compte que je passais beaucoup de temps à essayer d'aider ceux qui avaient du mal et que pendant ce temps-là, les "rapides" s'ennuyaient à mourir ! Je trouvais que je les délaissais beaucoup et ça ne me plaisait pas de me dire qu'une partie de la classe était un peu mise de côté et qu'on ne profitait pas de leur rapidité...
D'où l'idée de partir sur des groupes de niveaux. Le but est avant tout de pouvoir consacrer un temps de qualité plus important à chacun, par le travail en petits groupes. 
Globalement, tous les élèves suivent le même programme, mais avec le groupe le moins à l'aise, je vais passer beaucoup de temps à expliquer. Avec le groupe le plus à l'aise, je vais plus vite et quand je peux un peu plus loin... Je m'y retrouve aussi davantage car comme ils sont en petits groupes, je peux voir exactement où en est chacun. Mes fiches de suivi me sont pour ça très précieuses !
J'espère avoir répondu à tes questions !

"QUESTION UN PEU BETE : VU QUE TU AS UNE DEMARCHE EXPLICITE, SUIS-TU CE QUE LE LIVRE DU MAITRE PROPOSE POUR LA PARTIE RECHERCHE OU ALORS TU GARDES SEULEMENT LA SITUATION DE RECHERCHE ET TU EXPLIQUES COMMENT LA RESOUDRE DE FACON EXPLICITE ? (PTITEFAB)

Ptitefab, ça n'est absolument pas une question "bête" ! C'est une très bonne question au contraire. En fait, depuis le temps que je pratique Capmaths, je n'ai quasiment plus besoin de regarder le livre du maître que je ne quittais pas avant.

Je sais exactement où ils veulent en venir et quand on sait où on doit aller, c'est plus facile ! Du coup, je ne suis plus le livre du maître. 
En général, ce que je fais, c'est que je les laisse découvrir la première question et voir un peu ce qu'ils en comprennent. Je les laisse un peu chercher et ensuite on corrige ensemble. A ce moment-là j'explique les démarches possibles pour résoudre la situation. Puis ils font le reste. Si je vois que certains ont compris, je les laisse aller un peu plus vite. Je garde physiquement près de moi ceux que je sens plus fragiles et je les accompagne de très près.
C'est un peu difficile à expliquer comme ça par écrit... et puis ça dépend des situations, si c'est une nouvelle notion ou pas etc. 

LES CM1 ET LES CM2 FONT-ILS LE MEME PROGRAMME ? COMMENT GERER LES DIFFERENCES DE NIVEAUX ?

Je me suis très vite posé la question de savoir s'il fallait faire des groupes de niveau en mélangeant CM1 et CM2 mais très vite, j'ai abandonné (provisoirement ?) l'idée. En effet, je trouve important que chaque groupe fasse le programme de son année car je ne souhaite pas que les élèves se retrouvent par la suite en décalage, soit au collège, soit dans leur CM2. 

Du coup, les CM1 font le programme du CM1 et les CM2 font le programme du CM2. Je suis donc les deux années de Capmaths. Néanmoins, j'adapte chaque "programme" en fonction de mes élèves, allant plus loin pour ceux qui le peuvent et soutenant ceux qui en ont davantage besoin. 

POURQUOI LE CHOIX DE LA METHODE CAPMATHS ? N'EST-CE PAS UNE METHODE UN PEU TROP LOURDE ET DIFFICILE D'ACCES POUR CERTAINS ELEVES ?

Effectivement, j'ai beaucoup entendu dire que Capmaths était une méthode exigente et difficile. Personnellement, je n'ai toujours utilisé que Capmaths dans différents niveaux (à part Ermel la première année mais c'est assez ressemblant) donc je ne peux en aucun cas juger des autres méthodes.

A l'IUFM, j'ai eu la chance d'avoir un excellent professeur de mathématiques qui nous a parlé de cette méthode qui sortait à peine (en CE1 la première année !). Du coup, dès ma sortie de l'IUFM, j'ai adopté la méthode (j'avais à l'époque un CE1-CE2 j'ai donc fait Capmaths avec les CE1 et Ermel avec les CE2). 

Je n'ai jamais été très "douée" en mathématiques en tant qu'élève et avoir une méthode "clés en main" dès le début m'a rassurée. Par la suite, j'ai trouvé la méthode tellement intéressante dans sa démarche et sa progression que je l'ai adoptée. Maintenant, je me sens vraiment très à l'aise avec cette méthode et pour le moment je n'ai pas envie d'en changer (même si ça viendra forcément un jour !).

Quant à la difficulté de la méthode, je trouve (mais ça n'est que mon avis !) que c'est effectivement une méthode exigente mais qui permet à tous les élèves, même les plus en difficulté de travailler en profondeur. Je trouve que Capmaths amène vraiment les élèves à raisonner et réfléchir.

Maintenant, je n'ai aucune action chez Capmaths, et je suis sûre que n'importe quelle autre méthode se prête à l'atelier, il suffit juste de se sentir à l'aise ! 

EN QUOI CONSISTENT LES FICHIERS D'AUTONOMIE ? QUELLE FORME PRENNENT-ILS ? QUELLE UTILISATION ?
Les fichiers d'autonomie sont des fichiers que j'ai créés à partir de Capmaths. J'ai mis en page les parties "fort en calcul mental" et "réviser" pour chaque séance de chaque unité.

Chaque séance tient sur une page et j'agrafe les sept séances de l'unité dans l'ordre.

Ces fichiers en autonomie sont utilisés tous les jours et sont une des trois rotations de l'atelier. A partir de la rentrée, le corrigé sera joint et les élèves pourront donc s'autocorriger.

Une fois le fichier de l'unité terminé, celui-ci va dans une pochette plastique dans le classeur de contrôles.

A QUEL MOMENT FAIT-ON LES EXERCICES D'APPLICATION ?

Les exercices d'application de Capmaths (ceux qui se trouvent dans la partie exercices) peuvent être faits soit pendant la "leçon" avec moi, soit le soir à la maison. Nous ne faisons jamais tous les exercices, nous n'en aurions jamais le temps ! En général, j'en sélectionne un ou deux, parfois plus, que nous corrigeons immédiatement si c'est fait pendant le temps de "leçon". Sinon, je prends quelques minutes en début de séance le lendemain pour corriger les exercices faits à la maison.

COMMENT REGLER LA PARTIE "RECHERCHE" EN 20 MINUTES ?

Effectivement, 20 minutes pour aborder un nouveau concept peuvent paraître largement insuffisantes, mais Capmaths revient très souvent sur les notions abordées. Ainsi, on ne va pas aborder un sujet pendant 15 jours mais différentes notions.

Ensuite, il n'y a généralement qu'une ou deux questions dans la recherche.

Enfin, pour tenir les 20 minutes, je travaille de façon explicite. Cette façon de travailler a l'avantage d'aller droit au but et de montrer directement aux élèves comment procéder pour atteindre l'objectif fixé.

Du coup, nous tenons généralement les 20 minutes. Parfois, ceci dit, il me faut un peu plus de temps. Dans ce cas, j'ajuste en fonction des besoins. Il m'arrive également de racourcir ce temps si les élèves ont compris la notion assez vite (notamment avec le groupe de ceux qui vont plus vite). Du coup, nous passons aux exercices et je vais également plus loin, je les "teste" pour voir s'ils sont capables d'aller à l'étape supérieure ! Bref, j'ajuste constamment en fonction des niveaux, mais en aucun cas, je ne lèse un groupe par rapport à un autre !

N'EST-CE PAS LASSANT DE TOUT REPETER TROIS FOIS ?

Effectivement, les rotations impliquent que si on est en cours simple, on répète les ateliers trois fois, ce qui peut paraître lassant. C'est vrai que c'est parfois un peu pénible, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle ! Ceci dit, les élèves étant différents à chaque rotation, on n'aborde pas non plus forcément les choses sous le même angle ce qui varie légèrement. Et les réactions ne sont pas toujours les mêmes en face !

PEUT-ON COMMENCER EN COURS D'ANNEE ?

Tout à fait ! J'ai moi-même commencé à mettre en place l'atelier de mathématiques l'année dernière, après les vacances de la Toussaint, après avoir passé un an à me demander ce que je pouvais faire pour que mes élèves les plus rapides s'ennuient moins ! Donc oui, on peut sans souci commencer en cours d'année !

QUELLE PROGRAMMATION ?

Tous les étés, je prends un temps pour me faire ma programmation en maths. J'écris noir sur blanc ce que je vais faire et quand je vais le faire. Par exemple, je sais que la séance 7 de l'unité 4 sera faite tel jour. Je prends tout en compte, notamment les jours fériés. Je me réserve aussi des jours de "rattrapage" juste avant les vacances, pour le cas où j'aurais traîné pour telle ou telle leçon. Cela fait des années que je procède de cette façon, ce qui m'a permis de me cadrer et d'être sûre de finir le programme en temps et en heure.

Je suis persuadée que tous mes élèves ne peuvent pas avoir tout compris au même moment, et je sais donc d'expérience qu'à certains moments, quand on a expliqué de plusieurs manières différentes et que l'élève n'a toujours pas compris, il faut savoir en rester là et revenir plus tard sur la notion (ce que permet la méthode d'ailleurs). Ca peut paraître risqué au début, mais ça finit toujours par payer, car il faut un certain "déclic" pour que les choses se passent. Il faut donc accepter que tout le monde ne peut pas en être tout le temps au même point.

COMMENT SE PASSENT LES CHANGEMENTS DE GROUPES ?

Je fais des évaluations en fin de chaque unité, soit à peu près tous les quinze jours. Ces évaluations me permettent d'ajuster mes groupes. Quand je sens par exemple qu'un élève commence à bien fonctionner, je commence par m'en rendre compte pendant le temps que je les ai avec moi, puis je le vérifie avec les évaluations. Je ne prends jamais de décision après une seule évaluation mais attends d'avoir une tendance qui se confirme. Ensuite, je prends l'enfant en tête à tête et lui explique que j'aimerais qu'il change de groupe et pourquoi (que ce soit pour intégrer un groupe plus ou moins rapide). Je lui demande toujours son avis, car il est important que l'enfant se sente à l'aise avec ça. Parfois, les élèves ont tendance à se mettre la pression quand ils savent qu'ils vont intégrer le groupe au-dessus. Il faut donc bien anticiper et leur rappeler que si on leur propose le changement de groupe c'est que l'on a des éléments tangibles et que ça n'est pas une décision que l'on prend à la légère !

Même chose lorsque l'on doit annoncer à un élève qu'il serait mieux pour lui de rejoindre un groupe qui va moins vite. Il faut vraiment être constamment dans le dialogue pour ne pas risquer une perte de confiance en soi et une démotivation. 

De façon générale, les changements de groupe se sont toujours bien passés car comme je l'ai dit, je discute énormément avec mes élèves et ne prends pas de décisions sans eux. Ils savent que l'on fonctionne comme ça avant tout pour les aider !

Voilà pour ce deuxième article sur les questions les plus fréquentes !